LA  FAMILLE EN INDE

La famille constitue l'unité de base de la société indienne, de façon beaucoup plus marquée qu'en Occident, où c'est l'individu qui prime. Une personne sans famille représente la pire chose qui puisse arriver à quelqu’un. On parle ici non pas de famille nucléaire, mais de famille élargie, qui peut abriter jusqu'à quatre générations. Outre les parents et enfants, on y retrouve les grands-parents, les brus et quelques arrières-grands-oncles ou tantes restés célibataires ou devenus veufs, ce qui peut donner jusqu'à douze personnes.

La famille est de type patriarcal, le père et les aînés mâles détiennent l'autorité et prennent les décisions, en accord ou non avec leur épouse qu'ils consultent en général. Cette structure permet de transmettre les traditions pour ainsi dire inchangées d'une génération à l'autre. Les enfants y apprendront les règles de castes, les récits de grandes épopées hindoues (le Mahabharata et le Ramayana entre autres), les rituels et codes de relations humaines dans la société indienne. La famille joue aussi un rôle important de protection sociale, elle nourrit et héberge tous ses membres, indépendamment de leurs conditions. Le devoir de chacun consiste donc à soutenir son foyer dans la mesure de ses possibilités et capacités. Les activités de loisirs, visites de temples, restaurants, voyages, etc. s’effectuent en famille.


Il faut des circonstances graves pour que cette structure familiale éclate. L'extrême pauvreté en est souvent la principale raison, dans ce cas la famille sera simplement nucléaire (parents/enfants). Dans les grands centres urbains, où l'occidentalisation est de plus en plus marquée, de plus en plus de jeunes issues de milieux bourgeois tentent d'adopter le modèle de la famille nucléaire.

La structure d'autorité dans un foyer indien est bien définie. Le père fait office de chef de famille à qui l'on doit une obéissance inconditionnelle. Dans la vie quotidienne, on ne lui réplique pas et ne parle pas inconsidérément en sa présence. Après discussion avec les autres membres du groupe, il a le dernier mot sur toutes les décisions importantes, qu'il s'agisse du mariage de ses enfants, de leurs études ou leurs métiers, des cultures dans les champs ou des développements de l'entreprise. Il détient les cordons de la bourse pour toutes les dépenses majeures. Au-dessous du père, les autres hommes de la maison détiennent la même autorité sur les enfants et les femmes, sauf leur mère. Les épouses n'ont donc autorité que sur leurs enfants, à moins d’être veuve, auquel cas elles devront obéissance à leur fils. Dans le sud de l'Inde, les femmes possèdent traditionnellement plus de pouvoirs. Cette structure d'autorité se veut beaucoup plus souple dans les centres urbains et chez les classes moyennes et aisées où l'on retrouve un dialogue dans le couple.
Le respect des aînés est un devoir enraciné dans toutes les régions de l'Inde. Ce respect se manifeste dans la façon de leur parler et dans le comportement des Indiens à leur égard. On entretient, nourrit et héberge les grands-parents ainsi que les oncles et tantes vieillissantes. Les familles traditionnelles comportent donc toujours quelques vénérables vieillards que l'on traite avec bienveillance et affection.


Le fils tient lieu de chaînon fondamental de la famille. Il assure la vieillesse des parents, reprend la terre ou l'entreprise de la famille et perpétue la lignée. Il est le seul qui puisse exécuter les rites funéraires à la mort des aînés. Le rite du shraddha, où le fils accomplit lors du décès du père les rituels funèbres avec les brahmanes, représente une des obligations religieuses les plus importantes. Avec cette cérémonie, l'âme errante du mort est apaisée et guidée vers sa future réincarnation. En l'absence d'un fils digne de pratiquer ce rituel, l'âme devient un bhut, une espèce de fantôme qui terrifie les vivants. Ne pas avoir de fils ou ne posséder que des filles signifie donc une catastrophe. Une fille ne peut accomplir les rites funèbres et n'obtient que très rarement un héritage. Vers l'âge de 18 ans, elle rompt pratiquement tout lien avec sa famille pour s'établir dans la maison de son mari. Une fille à la naissance est bienvenue, mais le souci de la dot peut venir ternir cette joie. Un couple essaiera toujours d'acquérir un fils, même après avoir eu 4 filles consécutives.